Sauf pour les ennemis du dieu Pan qui protège ses sujets, les amoureux de la Fête.
Pan, Domaine du Bois d'Aucourt, Pierrefonds
Pan satyre della Valle Satyre (Lupercale)
Il suffit d'avoir le coeur en fête pour que chaque jour soit occasion de se réjouir! C'est un état d'être.
Mais pour rappel à notre nature humaine qui vite oublie l'essentiel, de tous temps et en tous lieux, des rituels festifs ont été institués.
En hiver, les Carnavals très nombreux sont réminiscences des saturnales et lupercales de la Rome antique.
Dès novembre les Carnavals parcourent l'Allemagne et prolongent leurs cortèges et festivités toute la saison aux mardis gras, et à la mi-carême.
Les Lupercales étaient célébrées le 15 février pour honorer Faunus Lupercus, autre nom de Pan, avec sacrifice d'un bouc en son hommage. Pan n'est-il pas le dieu sauvage avec cornes et sabots de bouc, dieu de la nature entière , universelle, pan... par excellence fête païenne du renouveau, du jaillissement.
Les chrétiens l'ont très bien compris, qui ont pris saint Jean, souvent vêtu de sa seule peau de bête, portant l'agneau (Christ) sur ses épaules. D'où les feux de la saint Jean...
Saint Jean, église St Jean aux Bois (Oise)
Il est d'ailleurs intéressant de noter que sur certains sites web, cette peinture de Léonard de Vinci est intitulée l'une Bacchus, et l'autre Jean-Baptiste!
Bacchus_Leonard de Vinci, Louvre Jean-Baptiste_Leonard de Vinci !!!
Au solstice d'hiver les Saturnales sont l'occasion d'inverser les rôles. L'homme n'étant plus à l'état de chasseur-pêcheur-cueilleur, le travail - du latin tripalium, instrument de torture! - lui rend nécessaire des temps de libération de ses nombreuses contraintes (sauf si travail = occupation stimulante et ludique).
La Fête des Fous, survivance des saturnales, qui dura jusqu'au XVIe siècle, a de nos jours refait quelques apparitions...
Rien de plus nécessaire "dans un monde à l'endroit qui tourne à l'envers..........". Saine occupation en effet que celle de tout remettre à l'endroit. On peut voir sur ce site à quel point le poids écrasant du pouvoir ecclésiastique nécessitait de contre-pouvoir dans la facétie et la dérision.
http://www.cosmovisions.com/$Fous.htm
Aujourd'hui on préfère à tout propos les manifestations de rue revendicatrices. La Fête est finie. Au secours Rabelais!
Voir "La fête des fous, essai théologique sur les notions de fête et de fantaisie". Harvey Cow (Le Seuil)
Sainte Walburge (Belgique) Fête des Fous, Machecoul (Loire-Atlantique)
Au Moyen Âge ( cet âge soi-disant obscur), la Fête de l'Âne était l'occasion pour le simplet ou un jeune clerc de prendre la place de l'évêque dans la cathédrale, la tiare ou la mitre sur la tête. L'"âne" chantait alors la messe, et les répons des fidèles étaient des ânonements en hi-han, hi-han, hi-han...(voir http://www.webnietzsche.fr/ane.htm ). Les puissants savaient canaliser l'énergie refoulée...
Combat de Carnaval et de Carême, Bruegel l'Ancien
Dans ces carnavals, l'âne monté dans la cariole se faisait tirer par son maître qui se trouvait dans les brancards. Pas question de ruer dans de telles circonstances!
Il est encore ici ou là l'idiot du village, souvent pris en affection, qui sert d'exutoire à la folie de chacun...
Anonyme
Bouffon Gonella (Jean Fouquet vers 1450) Fou du roi (sur http://magiejacynthe.centerblog.net
A certaines époques le roi ne se séparait pas de son Bouffon, le Fou ,dont la fonction était de faire rire, et qui était aussi son révélateur, lui renvoyant une image parfois grotesque de son comportement. Métier à risques...
Que notre monde plus que jamais à l'envers, soit joyeusement remis à l'endroit!
Affiche de l'exposition Chagall 2010- Nice
Un monde de fous
Wolinski
Après les fêtes de l'hiver, c'est chez les Celtes, la chaleur revenant, l'occasion de célébrer Belenos, le resplendissant, et de magnifier les forces brutes du printemps.
Beltane fire festival_Calton Hill 2008 Edinbourg (© Jeff Mitchell)
Dans tout son éclat, au zénith de sa course, le soleil triomphant en son solstice est l'occasion des grands feux de joie, les feux de la saint Jean .
"N'interdisez jamais les feux de la saint Jean, et que jamais la joie ne se perde, toujours on brandira les vieux balais", rappelle Nietzsche.
Dans un autre langage, Georges Bataille indique que "l'interdit dans le monde chrétien fut absolu. La transgression aurait révélé ce que le christianisme voila: que le sacré et l'interdit se confondent, que l'accès au sacré est donné dans la violence d'une transgression".
Las Fallas de Valencia (corbella)
Si nombreux sont les feux de la saint Jean aujourd'hui, il en est peu qui ont gardé la vigueur païenne de son origine. Saint Jean et sa peau de bête enfermés dans les églises en savent quelque chose...
Feu de joie (Gijon, Espagne)
L'automne venu, retrouvons notre Bacchus en ses cortèges.
Bacchanale
La danse des Bacchantes (Gleyre)
Si Bacchus est souvent ivre, les pampres de vignes cueillies en automne, et qui l'entourent, peuvent en être la cause. Mais Bacchus est un dieu et c'est l'Ivresse divine qu'il manifeste évidemment, faisant perdre la tête à tous ses adorateurs. Le mental mis en veilleuse, ce sont alors les forces vitales qui s'expriment dans la joie et le plaisir des sens.
Bacchanales, serres d'Auteuil (Dalou)
Cortège de Bacchus IIIe s. mosaïque, Tunis Dionysos ivre, mosaïc 4th AD Antakya museum
Dans son poème mystique "L"Eloge du Vin", le soufi Ib'n Al Faridh fait l'éloge de cette ivresse:
"Nous avons bu à la mémoire du Bien-Aimé un vin qui nous a enivrés avant la création de la vigne.
Notre verre était la pleine lune. Lui, il est le soleil; un croissant le fait circuler. Que d'étoiles resplendissent quand Il est mélangé!
Sans son parfum je n'aurais pas trouvé le chemin de ses tavernes. Sans son éclat l'imagination ne pourrait le concevoir.
Le temps en a si peu conservé qu'il est comme un secret caché au fond des poitrines.
[...]
Il est monté peu à peu du fond des vases et il n'en reste en vérité que le nom.
Qu'il vienne un jour à l'esprit d'un homme, la joie s'empare de celui-ci et le chagrin s'en va.
La seule vue du cachet posé sur les vases suffit à faire tomber les convives dans l'ivresse.
[...]
Si les souffles de ses parfums s'exhalent en Orient, un homme privé d'odorat devient dans l'Occident capable de le sentir.
Celui qui tient la coupe, la paume fardée de ce vin, ne s'égarera pas dans la nuit; il tient un astre dans la main.
[...]
C'est par lui qu'ici subsistent toutes les choses, mais elles le voilent à qui ne comprend pas.
En lui mon esprit s'est éperdu de telle sorte qu'ils se sont mêlés tous deux intimement; mais ce n'est pas un corps qui est entré dans un corps.
[...]
On a fait une distinction; mais le tout est un; nos esprits sont le vin et nos corps la vigne.
[...]
Prends-le pur ce vin; ou ne le mêle qu'à la salive du Bien-Aimé; tout autre mélange serait coupable.
Il est à ta disposition dans les tavernes; va le prendre dans toute sa splendeur. Qu'il est bon de le boire au son des musiques!
Car jamais nulle part il n'habite avec la tristesse, comme n'habitent jamais ensemble les chagrins et les concerts.
Si tu t'enivres de ce vin, fut-ce la durée d'une seule heure, le temps sera ton esclave docile et tu auras la puissance.
Il n'a pas vécu ici-bas celui qui a vécu sans ivresse, et celui-là n'a pas de raison qui n'est pas mort de son ivresse.
Qu'il pleure sur lui-même, celui qui a perdu sa vie sans en prendre sa part".
Bacchus et Ariane_Le Titien, Londres Bacchante au tambourin_W. Etty, Louvre
Bacchus et le Vésuve (Pompéi) Dionysos, masque de bronze
Diane au bain (Bernardino Cesari)
La chrétienté (qui n'est pas le christianisme), experte en récupération, a fait de son prédécesseur grec Dionysos l'ancêtre de Denys, Denis, premier évêque de Paris qui, lui aussi a perdu la tête qu'il a mise sous son bras. Et qu'a-t-il fait ? Il est monté par la rue des Martyrs jusqu'à Montmartre (mont martyre) où étrangement subsiste une fameuse vigne. Puis notre martyre s'en est allé jusque Saint Denis.
Saint Denis, Notre-Dame, Paris
Les Prophètes de l'Ancien Testament, Merlin l'Enchanteur,"Le Pape des Escargots" d'Henri Vincenot, les Fous divins de l'âge d'or de la Tradition tibétaine (XIVe au XVIe siècle) et d'autres encore ont laissé s'exprimer les forces vitales qui balaient les scories du mental. La Vie est violence comme le sont torrents, tempêtes et orages qui nettoient ce qui doit l'être. Ces mêmes lois de la nature font pousser les arbres, rugir le lion, danser les astres et ...voler la libellule...
Merlin ( http://www.juanalberto.ch/merlin.htm )
Nul doute que cette énergie primitive, si elle ne peut s'exprimer naturellement, donc joyeusement, ressortira en agressivité, répression, dépression et autres déviances.
Sur ce sujet si important et difficile dans la mesure où notre société est si dé-naturée, un excellent article trouvé sur ce lien: http://e.y.monin.free.fr/articles/melangisme.html . Bon éclairage sur la nature de "la vie naturelle".
Quelques troupes d'animation font, ne serait-ce que par l'image qu'elles donnent à voir, vibrer ceux qui sont heureux de retrouver le contact avec leur feu de vie: http://www.myspace.com/lacompagniedusorcierbouc , http://www.myspace.com/tanelleil.